vendredi 28 février 2025

Photos de Madeleine Pelletier parues dans la presse

On connaît peu de photos de Madeleine Pelletier. Certaines - au nombre de 5 - sont très visibles et souvent reproduites car mises en ligne depuis longtemps par d'anciennes agences photo ou les détenteurs de leurs fonds comme la BNF par exemple, ou encore Roger-Viollet. 

En existe-t-il d'autres ? Nous répondons oui ! En explorant la presse, nous avons repéré 23 photos, dont 12 différentes. La première date de 1905, la dernière de 1914. Il s'agit le plus souvent de portraits posés, recadrés pour certains au niveau du seul visage. Quelques photos présentent Madeleine Pelletier dans des groupes nombreux : salles de Congrès ou de réunions publiques, ou encore manifestation. Dans aucune de ces photos elle ne semble porter de pantalon. Elle arbore systématiquement la tête nue et les cheveux courts, sauf dans deux photos de 1914 où un chapeau et un foulard masquent sa chevelure et encadrent son visage.

Quasi 50% des photos sont parues en 1910, année électorale intense pour Madeleine Pelletier qui est alors candidate à Paris pour la SFIO dans le cadre de l'élection législative d'avril-mai.  


jeudi 27 février 2025

Conférences données par Madeleine Pelletier, année 1905

En 1905, selon nos explorations, Madeleine Pelletier a donné 13 conférences sur 5 thèmes différents. La première conférence date du mois d’août. Le « Docteur Madeleine Pelletier » (c’est probablement elle qui fait le choix d’une telle dénomination) intervient dans des salles aux titres évocateurs du milieu mutuelliste de la fin du 19e siècle, dans les Universités populaires qui se multiplient dans les années 1890, et également dans une Maison du Peuple. Elle aborde des thèmes généraux liés à sa formation scientifique. À signaler qu'aucune conférence n'est spécifiquement féministe, hormis très probablement celle sur le philosophe anglais Stuart-Mill. C’est principalement la presse de gauche qui relaie le programme des conférences de MP, mêlées à beaucoup d’autres.

L’Aurore 2 août 1905 : « UP du quatorzième, 13 rue de la Sablière Mme Madeleine Pelletier : Les criminels sont-ils des dégénérées ? »

La Nouvelle Presse, 7 octobre 1905 : "Éducation Mutuelle, Choisy-le-Roi, 50 rue Chevreul. Docteur Madeleine Pelletier : Individu et Société". (Annoncé également par Le Libertaire du 9 octobre 1905)

La Petite République 28 octobre 1905, "Émancipation 15e, 38 Rue de l’Église. Docteur Madeleine Pelletier ; Individu et Société".

L'Aurore, 2 novembre 1905 : "La Solidarité, 77 avenue d'Italie. Mme le docteur Madeleine Pelletier : La Lutte des classes ».

La Nouvelle Presse, 8 novembre 1905, "La Fraternelle, 45, rue de Saintonge. Dr Madeleine Pelletier : Stuart-Mill."

L'Aurore, 9 novembre 1905, "La Maison du Peuple, 28 rue Charlemagne. M. le docteur Madeleine Pelletier : Les criminels sont-ils des dégénérés ?"

La Nouvelle presse, 15 novembre 1905 : "Foyer du Peuple, 8, place Boulnois. Docteur Madeleine Pelletier : La Lutte des classes"

L'Aurore, 30 novembre 1905, "U. P. Zola, 44, rue Planchat, 44. M. le docteur Madeleine Pelletier ; La lutte des classes."

L'Humanité, 2 décembre 1905, "U. P. du 10e, 103, quai Valmy. Docteur Madeleine Pelletier : L'hypothèse Dieu". (La Nouvelle presse du 2 décembre : "L'hypothèse sans Dieu"

Nouvelle presse, 9 décembre 1905 : "Émancipation, 38, rue de l’Église. Docteur Madeleine Pelletier : La prétendue dégénérescence des hommes de génie".

L'humanité, 23 décembre 1905, "La Solidarité, 77, avenue d'Italie. Docteur Madeleine Pelletier : Les criminels sont-ils des dégénérés ?"

La Petite République 28 décembre 1905, "Science et travail, Saint-Ouen, mairie. Docteur Madeleine Pelletier ; La prétendue dégénérescence des hommes de génie".

Madeleine Pelletier, "la" photo

 


On connaît une vingtaine de photos de Madeleine Pelletier, présentées en partie dans l'exposition "Madeleine Pelletier féministe, l'émancipation intégrale". Une photo intrigue plus que tout autre : elle y pose vêtue d'un pantalon et coiffée d'un chapeau melon, une canne à la main. Si Madeleine affirmait par son expression de genre masculine son refus du patriarcat et de la soumission sexuelle des femmes, une seule photographie la montre en pantalon. Sur toutes les autres, on la voit les cheveux courts, en général un veston sombre serré et une jupe également de teinte sombre. 

Alors, cette photo exceptionnelle ? Autre énigme, malgré nos recherches, impossible de dire si elle a été publiée dans un journal ou un livre du vivant du "docteur Pelletier". Quelle réalité traduit cette image ? S'agit-il d'un jeu, d'une bravade ou d'une tenue vestimentaire avec laquelle Madeleine investissait les lieux de sociabilité politiques et militants dans lesquels elle avait l'habitude d'évoluer ? 

Et d'ailleurs, elle ou il ? Difficile de genrer Madeleine, qui se présentait aussi bien comme le "docteur Pelletier", que comme la "doctoresse". Quelques articles de presse parus dans les années 1940, c'est à dire après la mort de madeleine (1939), évoquent son habitude de porter des pantalons. Peut-on faire confiance à ces souvenirs parus dans des journaux dont on sait le goût pour l'imaginaire ? Comment expliquer cette association de Madeleine avec le pantalon alors qu'une seule photo d'elle la présente, en 1912, c'est à dire plus de trente ans avant ces commentaires posthumes, tandis que cette photo n'a peut-être pas été diffusée ? 

Un article de 1911 apporte une certitude. Les 18, 19, 20 et 21 février 1912, la SFIO organise son congrès à Lyon. Comme le rapporte le quotidien catholique La Croix du 20 février, Madeleine Pelletier y participe : "Une seule femme investie d'un mandat assiste au Congrès, c'est la citoyenne Pelletier. Elle a abandonné les vêtements féminins pour le pantalon et le veston, à côté d'elle, sur la table, un chapeau melon tout neuf…".

Pantalon, chapeau melon, il ne manque plus que la canne pour évoquer parfaitement la photographie de l'agence Rol, datée de 1912. Qu'en conclure ? Que Madeleine Pelletier a porté le pantalon et le chapeau haut de forme probablement sur un temps très court. On imagine la difficulté avec laquelle elle a dû faire face au rejet, aux pressions, à la stigmatisation à propos de son expression de genre, considérée comme inappropriée par tous les milieux dans lesquels elle a évolué, et notamment la SFIO.

Une photo qui reste bien énigmatique...

Mémoires d'une féministe intégrale, par Christine Bard


On lira avec émotion, enthousiasme et compassion les « Mémoires d’une féministe intégrale », recueil de trois textes présentés par l'universitaire Christine Bard. Féministe radicale de la Belle Époque aux années 1930, Madeleine Pelletier n’a pas formellement rédigé de « Mémoires » mais s’est à deux reprises laissée aller à l’écriture de journaux ou de textes autobiographiques et, à la fin de sa vie, a livré sa jeunesse à Hélène Brion, autre féministe radicale condamnée pendant la Grande Guerre à trois ans de prison avec sursis pour pacifisme. 

Ces trois textes permettent de suivre Madeleine dans sa jeunesse, mais aussi aux premiers mois de la Première Guerre Mondiale. D’autres éléments permettent de questionner sa vie et ses engagements, comme par exemple son roman autobiographie La Femme vierge, ou encore le livre dans lequel elle raconte son incroyable périple pour rejoindre la Russie soviétique en 1921.

Née dans un milieu pauvre parisien, mère royaliste et bigote, père rapidement handicapé et aimant, Madeleine Pelletier s’engage dès l’adolescence dans la mouvance anarchiste parisienne, tout en concevant une haine farouche contre les inégalités de genre de son temps. A rebours de nombre d’autres féministes, elle considère le vêtement féminin comme un instrument d’oppression des femmes, s’habillant « en homme » et arborant des cheveux courts vingt ans avant la mode des garçonnes. Au grand dam des milieux politiques dans lesquels elle a gravité toute sa vie !

Au fil de la lecture de cet ouvrage présenté et annoté par Christine Bard, Madeleine est radicale aussi bien politiquement que socialement : favorable au droit à l’avortement, au droit de vote (candidate illégale elle-même), elle se forme auprès d’anarchistes après avoir quitté l’école prématurément, reprend des études pour s’orienter vers la médecine, devient la première femme interne en psychiatrie, intègre la franc-maçonnerie, entre et milite à la SFIO étant un moment proche du radical Gustave Hervé, se récrie contre la folie nationaliste entraînée par la Guerre, mais sans pour autant alors militer ouvertement pour les idées pacifistes. On la retrouve au sortir du conflit adhérant au communisme, au point de risquer sa vie pour aller voir, clandestinement, les effets de la révolution bolchevique, périple qu’elle raconte dans Mon voyage aventureux en Russie communiste (1922). Madeleine organise, publie des ouvrages, des brochures, des petits journaux, dirige un moment un cercle féministe, se désole du manque de radicalité et d’engagement des femmes autour d’elle… Mettant en pratique son vœu d’un droit à l’avortement, elle aide une mineure violée par son frère à avorter. Lui n’est pas inquiété, Madeleine et la jeune fille sont condamnées…  Madeleine Pelletier meurt peu de temps après avoir été internée en asile d’aliénée, conséquence de sa condamnation, achevant une vie d’incroyables engagements à rebours des idées dominantes, une vie souvent faite de grande solitude.

Grâce à la présentation et la contextualisation des trois textes autobiographiques réunis dans ces « Mémoires d’une féministe intégrale », on découvre une Madeleine courageuse, déterminée, confrontée aux violences du patriarcat, mais faisant face et cherchant sans compromis la voie de la liberté.

Ces Mémoires constituent une belle introduction, avant de lire les ouvrages de cette féministe intégrale et de découvrir d’autres aspects de son cheminement et de ses engagements divers et parfois contradictoires. Une féministe radicale et très en avance sur son temps à découvrir ou à redécouvrir absolument !

Un recueil sur Madeleine Pelletier : une féministe intégrale au risque de la presse


L'association lgbt+ et féministe Fie.es et queer a publié un recueil de 150 pages d'articles sur et de Madeleine Pelletier. 
Présentation : 

C’est un recueil d’articles de journaux que nous vous présentons ici. Des articles de et sur Madeleine Pelletier (1874-1939), publiés entre la fin du 19e siècle et l’année 1940, le dernier entrefilet relatant la mort de cette militante aux nombreux engagements.

Issue d’un milieu pauvre et après avoir quitté l’école à 12-13 ans, dans le Paris de la fin du 19e siècle, Madeleine Pelletier reprend des études, passe son bac, puis brillamment son doctorat de médecine. Elle doit mener campagne pour s’inscrire à l’Internat en psychiatrie, car le règlement en interdit l’accès aux femmes !

Féministe « intégrale », intellectuelle, suffragiste, elle s’engage sur tous les fronts : au sein de la franc-maçonnerie pour que se multiplient les loges mixtes, au sein de la SFIO de Jaurès, prônant un socialisme radical, au Parti Communiste après la Grande Guerre, dans les milieux anarchistes... 

Et à chaque fois ce même devoir de questionner la domination masculine. Avec soixante-dix ans d’avance, Madeleine Pelletier déconstruit les stéréotypes de genre, assène ses coups à la masculinité hégémonique, milite avant les autres pour le droit à l’avortement, pour l’amour libre et l’égalité des sexes, pour la liberté des femmes à disposer de leur corps. 

Une infatigable activiste d’avant-garde à redécouvrir !

Pour acheter le livre...

150 pages, illustrations, 10 euros.

Madeleine Pelletier féministe, exposition itinérante

Féministe, proche des milieux anarchistes et franc-maçonne, socialiste (SFIO) avant 1914 puis communiste après guerre, Madeleine Pelletier milite pour « l’émancipation intégrale » : émancipation sociale, politique (droit de vote) et morale. Docteure en médecine bien que femme née dans un milieu pauvre, en avance sur son temps, elle défend dès 1909 le droit à l’avortement, le droit des femmes à disposer de leur corps, à une sexualité libre ou encore à une éducation non genrée. Conférencière infatigable, autrice d'innombrables articles, de brochures, de romans et d'essais, elle a fondé le journal La Suffragiste. Dès le début du 20e siècle, elle fait de la contestation des normes de genre, de la binarité et de la sexualité, des leviers révolutionnaires pour contester le patriarcat. Un féminisme d’une incroyable modernité.

Exposition en 18 panneaux à imprimer par vos soins au format A2, A1,... Format Kakemono sur demande. Redevance pour Mairies, Centres sociaux/culturels, Universités, Médiathèques : 300 euros ttc. Collèges et Lycées : format A3, 75 euros ; formats supérieurs, 150 euros.

Possibilité de conférence sur le sujet de l'exposition : "Madeleine Pelletier, une féministe intégrale"

Pour voir l'intégralité de l'exposition cliquez ici...